Tears of Nativity
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 [ Nouvelle ] Un homme seul

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Mido

Mido


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MessageSujet: [ Nouvelle ] Un homme seul   [ Nouvelle ] Un homme seul Icon_minitimeDim 27 Mai - 16:12

Mon portable vibre. Je le sors de ma poche, je la trouve toujours aussi laide cette bête machine. L’écran bicolore est éclairé par une petite lettre blanche, seule, au milieu de l’écran. Je cherche la touche pour regarder ce foutu message, je ne m’habituerais jamais à ce genre de modernité inutile, et pourtant indispensable au genre humain. Le nom de Laetitia s’affiche suivit d’un texte relativement court à première vue. Court, mais chargé d’un message plus qu’important.

- Charles, je te quitte. Tu n’as jamais su me satisfaire, adieu.

Je m’en doutais, mais les mots me font quand même un effet plus que néfastes. Il est vrai que je n’ai jamais été une crème avec mes nombreuses amantes. Elles trouvaient toujours que je n’étais pas assez présent, pas assez câlin, pas assez romantique, bref, le petit ami impossible, qu’on a simplement choisit pour son fric et sa belle gueule de baroudeur. Je sens les larmes me venir aux yeux, mais mon esprit de vilain garçon prend le dessus. Je ne compte pas me laisser passer pour une lavette sentimentale pour une salope qui me plaque par SMS ! Quand j’ai reçu le message, j’étais devant la vallée des jardins, et d’ailleurs, j’y suis toujours. Je décide donc d’y faire un tour, histoire de faire passer cette foutue tristesse qui s’est éprit de moi. J’ai quelques centaines de mètre à parcourir avant d’atteindre l’herbe sûrement mouillée par la pluie incessante depuis quelques jours. Mon blouson acheté l’année dernière me sert décidément beaucoup. 100€ qui ne seront pas gâchés. Je pense à ma vie, à ce que j’ai fais, toutes ces années, où j’ai sillonné la région, arnaquant les pauvres villageois crédules qu’étaient mes clients. J’ai réussi à amasser un joli pactole grâce à ces manœuvres frauduleuses malgré tout, mais l’effet de jouissance que procure l’argent facile a laissé place à la déprime. Je n’ai strictement rien fais de bien, quelque chose de marquant, ces cinq dernières années. Il faudrait peut être que je m’y mette.

La verdure est enfin devant moi. Ca fait du bien de sortir un peu, respirer l’air trempé qui entoure ma ville, changeant un peu des pots d’échappement des conducteurs. Le petit chemin goudronné, qui sépare la vallée en deux, est absolument désert. Même pas un couple se promenant, poussette à la main, avec un bambin criard les empêchant de se reposer. C’est ça qui m’a toujours empêché d’avoir un gamin : que quelqu’un me vole ma liberté ! Je marche doucement, je m’imprègne de l’atmosphère, oubliant mes soucis, vidant ma tête trop pleine. Je m’approche d’un coude, en haut d’une cotte. Je n’ai toujours pas croisé quelqu’un, et là, je vois un homme, assis sur un banc, seul.

J’aurais juré qu’il faisait partie du paysage, comme si il avait toujours été là, et qu’il regardait les gens comme il me regarde maintenant. Un regard vide, sans émotion, totalement absent et complètement désintéressé. Il n’avait bougé que sa tête, le reste du corps demeurant inerte, seul ses cheveux qui bougeaient dans le vent. Je m’arrête, sur le banc d’en face je m’assoie, et je l’observe, sans me faire voir du mieux que je peux. Il est courbé, semblant supporté toutes les misères du monde sur son dos, un simple manteau de toile pour le protéger des intempéries. Son vieux chapeau, rabougris et délavé, semble lui aussi avoir subis quelques misères : je me demande qui pourrait porter un galurin pareil ! Tient, sa tête bouge, peut être vais-je enfin voir son visage. C’est chose faite, et je me rend compte que devant moi se dresse un homme qui me ressemble en tout point, sauf pour le goût vestimentaire …

Ses yeux, tout comme le regard qu’il m’a jeté, sont d’une indifférence et d’un ennui total. Gris, vide et ternes. Le front lice et de taille minimale, la bouche fine et stricte, les traits tirés et fatigués. Qu’est ce qui a put lui causer une mine si attristée ? Sûrement pas mes problèmes, qui ne me rendent pas dans cet état, et j’en suis bien heureux. Les cernes qu’il a sous les yeux ressembles aux valises qui stagnent dans ma voiture depuis quelques jours : grosses, épaisses, noires. Il ne doit pas dormir beaucoup, ou mal, dans tout les cas. Je me reconnais en lui, et ça me trouble. J’ai l’impression que ce monsieur, bien involontairement, me montre ce qui pourrait m’arriver si jamais je continuais ainsi. Serais je aussi pauvre et démunis, triste et déprimé, sans le sou et avachi ? Je n’espère pas. Je n’ai pas envie que ces sombres pensées continue à me hanter, je décide de partir, et je continue mon chemin …
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