[ Rp fini ] 14 ans et 9 mois

Il est 18h. Que fait un adolescent de 14 ans et 9 mois à cette heure ? Il travaille ? Il revoie ses cours ? Eh bien pour Maxime, non. Non, car il est sur l’ordinateur, et son ordinateur, c’est sa drogue. Une drogue, on n’arrive pas à arrêter. Qu’importent les motivations, si il n’est pas question de vie ou de mort, on continue.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Bien sur, il travaille à un moment. Quand ? Eh bien quand il va se coucher. Quand les autres dorment, il fait son travail. Ce n’est pas bien, il le sait, mais il ne veut pas le faire avant. Surtout qu’avant, il y a le clavier, la souris et l’écran. Beaucoup plus attrayant. Il y a les jeux, les amis, les amours, la musique. Toutes sortes de choses qui distraient plus qu’une feuille, des exercices et les cahiers. Surtout que ses positions sont bien fondées. Pourquoi, en sortant d’une journée de travail, on s’y remettrais immédiatement en rentrant chez sois ? Pourquoi ne pas profiter de l’âge qu’il a, de l’insouciance dont il est fait, bien qu’il ne le soit plus trop, et de s’amuser jusqu’à l’heure du coucher. Mais il est le seul à penser ça, même les personnes de son âge ne sont pas comme lui. Il veut réussir, mais il n’a pas le courage. Il veut qu’on l’aime, mais il n’arrive pas à être gentil, à être « Comme il faut ». Mais il est comme il est, et il sait qu’il peut compté sur certaines personnes.

Il faut dire qu’il est assez spécial en son genre. Toujours dans le décalé, mais quand même dans le mouvement. Plutôt en avance sur les autres. Il n’aime pas les garçons de son âge. Jouer à se taper dessus pendant les pauses, pas trop son truc. Il préfère discuter, rire et s’amuser. Avec les filles, forcement, puisque les garçons ne veulent pas de lui. Il faudrait qu’il fasse des efforts. Il en a fait ! Mais c’est dur de se sentir faux, tout les jours, et de porter un masque. C’est pour ça qu’il a arrêté. Pas le courage. Mais il s’est retrouvé seul à plusieurs reprises. « Vivement le lycée, les mentalités changent ». Il pense ça, mais au fond, il sait que c’est faux. Il sait que toute sa vie il aura du mal à accepter tout le monde. Il veut être gentil, mais c’est trop difficile. Trop difficile …

C’est comme l’amour. On veut quelqu’un, mais c’est inaccessible. Pour lui, c’est encore pire ! Ses orientations sont plus compliquées que celle des autres. Les garçons comme lui à son âge, ça court pas les rues. Donc il va dans les plus vieux. Mais ça ne dure pas, il ne peut pas les voir en « publique « ou les ramener chez lui. Et après, ses parents se demandent pourquoi il n’y à jamais personne qui vient à la maison. Mais ces remarques qui se veulent gentilles sont plus que blessantes. Savoir que ses géniteurs pensent que vous n’avez pas d’amis, ou que vous avez honte d’eux, c’est dur à encaisser.

De toute façon, pour lui, presque tout est trop dur. Trop dur de travailler, trop dur d’avoir du talent, trop dur de faire quelque chose jusqu’au bout, trop dur de plaire à tout le monde. Il voudrait avoir quelque chose de particuliers, une spécification, faire quelque chose que les autres ne savent pas faire, mais ça aussi, il faut du temps. Il a tout essayé : Le sport, mais c’est pas trop son truc, ou alors il n’est pas assez fort, la musique, mais ça n’a pas duré, la chanson, mais il avait peur du regard des autres. C’est le pire le regard des autres. Il y a des regards qui veulent dire beaucoup plus que des paroles. On voit qu’on vous dévisage, qu’on vous observe de bas en haut, sans jamais entendre les conclusions tirées. Et c’est quelque chose que Maxime ne supporte pas. Il est curieux, surtout quand c’est à son sujet …Il est spécial, mais au fond, il est comme tout le monde, ou plutôt comme tout les adolescents de son âge. Mal dans sa peau, lunatique au possible, feignant … Mais lui, lui souvent ça dure plus longtemps. Il souffre plus. Sensible lui ? Oh oui il l’est, et il suffit de le voir chez lui, à l’abris des autres, devant son ordinateur ou dans sa chambre, pleurer ou écrire. Pourquoi écrire en faite ? Pour se trouver une vie qui lui plairait. Où il peut enlever tout ce qui l’énerve, et renforcer tout ce qu’il aime. Pour ne plus avoir à subir les règles qu’il n’a jamais désiré. Il est comme ça, et ne changera pas.

Maxime, il lui faut de l’affection. C’est pour ça qu’il n’est pas heureux. Il voudrait qu’on lui en donne, mais c’est dur de demander … Et si on refusait ? SI ? Ce «si » qui lui gâche la vie. Toujours à penser aux conséquence. Toujours en train de penser. Trop penser c’est pas bon, mais comment s’en empêcher ? Bonne question. Il aime les choses simples, et pourtant il est compliqué. Il aime écrire, mais ce n’est jamais très bon. Il voudrait dire des choses, mais on l’en empêche. Et pourtant, garder tout pour soit, ce n’est pas très bon non plus.

Encore un point sur lequel il est souvent déçu. Il arrive à se confier, mais à des personnes qui n’auront jamais une quelconque influence sur sa vie. Ses amis ? Ils sont là, mais pour quoi faire ? Ils ne peuvent rien faire, à part écouter. Les parents ne l’écoutent pas. Ils préfèrent crier, ne pas comprendre. Après ils disent qu’il les fuit, mais lui ne peut rien faire. Il a un problème : de toute façon il ne pourrait rien dire. Une chose le gène ? Il ne peut pas dire, son père s’énerverait … En plus, Maxime adore les chansons tristes. Pas super comme remontant. Surtout quand ça ne va pas. Allé aujourd’hui un petit slow bien mou ? Une chanson au piano ? Et pourquoi pas un requiem après … C’est vrai c’est dur, mais quand on y pense, il se plaint, mais il y a bien pire que lui. Le pire, c’est qu’il le sait. Mais il n’est pas courageux, il n’est pas fort. Et toutes ces petites choses finissent par peser lourd sur ses petites épaules …

Mais il n’est pas comme ça devant les autres. Devant les autres, c’est Maxou, le petit frère d’une « fashion », qui devient lui aussi, à la mode. Il est aimé des grands, rencontre du monde, fait des choses qui ne sont pas de son âge. Il n’est pas très sérieux, aime la House Music, mange du chocolat, va en boîte, boit et fume en soirée, reste planté devant le pc et dort peu. Il fait ses devoirs en cours par « esprit de rébellion », dit des âneries pour amuser la galerie et traîne avec les filles pour pouvoir en « pécho » plus tard. Il aime plaire, et le fait bien sentir. Mais c’est un masque. Il pleure le soir, rie le matin. Déprime au crépuscule, sourie à l’aube. La nuit a des biens faits inconnus aux yeux de tous …

Le matin, depuis quelques jours, Maxime est d’autant plus content car il fait beau. Fini le temps maussade de basse Normandie qui le soule tant. Lui il veut du froid en décembre et de la chaleur en juillet. De la neige en hiver, du soleil en été, logique non ? Et bien avec ce soleil, on fait quoi ? On sort un peu plus, il décroche de son PC un peu plus pour pouvoir allé sur les pelouses devant le château de sa ville. Il bronze, il dit des conneries, mais bon, ça a des limites. Après c’est les coups de soleils, l’ennuie, le mal de pieds, les membres ankylosés. Il voit toujours le mauvais côté ? Non jamais ! … Au moins quand il est sur sa chaise, il risque rien ? Une crampe des doigts peut être ?

Surtout qu’en plus, faut pas croire, mais Maxime est plein de vie quand il est devant son PC. Il rie, il pleure, il chante, il s’énerve. Il s’énerve surtout. Entre les malentendus, les personnes qui racontent ceci à celui là … Et après c’est partit, on gueule, on s’insulte pour les autres. La haine, c’est courant, mais chez lui, ça passe vite. Il n’arrive pas à en vouloir vraiment, à détester quelqu’un à fond. Il préfère oublier et donner une dernière chance … En plus il est parfois naïf, alors après on profite de lui, et il devient encore plus malheureux. Malheureux tout ça ? Eh oui, mais c’est comme ça la jeunesse. On est innocent, on ne réfléchit pas ! On préfère s’amuser jusqu’à n’en plus finir ! Et surtout on ne veut pas ressembler à ses parents. En tout cas Maxime lui c’est son pire cauchemar. Choisir entre un psychiatre, un vrai barbare 23h sur 24h, et une mère très gentille mais épuisée par son travail de rhumatologue qui ne peut pas se dresser contre son mari … La variole et la syphilis ! Il préférerait être reconnu pour quelque chose, être aimé, pouvoir sortir de son petit monde d’ado frustré qui se bat avec son père … Car avec son paternel, il ne peut pas s’entendre. Ils passent leur temps à s’engueuler. Comme si c’était devenu une habitude. Lui, ça l’énerve, car il aimerait avoir un père un peu plus gentil et compréhensif. En plus, son compagnon d’engueulade fait mine de ne pas s’en occuper. Ca énerve donc encore plus son fils, qui devient de plus en plus irascible. Cercle vicieux ? Nan juste un peu ! Mais il n’y a pas que les 2 belligérants qui sont touchés, la mère de famille en a marre. Mais le problème, c’est qu’elle le dit qu’a son fils, car c’est lui le grand méchant, le vilain qui martyrise son père … Moi je dis triste cinquantaine …